Énergéticien, magnétiseur, guérisseur, thérapeute, coach, maître, prêtresse, hypnose régressive quantique… Tous auraient le pouvoir de changer votre vie… Et vous, qu’attendez-vous pour changer la vôtre ? Si vous avez encore des doutes, lisez ceci.

Eh oui, la vague du néo bien-être n’en finit plus de déferler sur nos petits égos récalcitrants, brisés par le ressac du mouvement spirituel incessant qui s’est mis en tête de réveiller en fanfare nos consciences engourdies –quitte à jouer la neuvième « cacophonie » du Nouveau Monde ! C’est le nouveau monde des thérapeutes et des méthodes énergétiques qui guérissent tous nos maux, ceux de notre âme, de notre corps et de notre esprit !

La mode des énergéticiens n’est plus une mode

C’est désormais l’eldorado pour tous ceux qui se cherchent et s’inventent une nouvelle identité, en se trouvant un titre. Car oui, la vague du bien-être des premiers jours s’est cristallisée en un système organisé, qui transforme tous ceux qui s’en approchent en chamans des temps modernes.

Ce qui n’était, il y a encore une vingtaine d’années, qu’une niche isolée d’adeptes new-age (type La prophétie des Andes), est devenu au fil des mois un créneau juteux pour gourous modernes (méthode The Secret) et a finalement frappé aux portes du monde « civilisé » qui lui a ouvert les bras, en devenant un espace respectable dit de « bien-être » (au sens très, très large du terme, si large qu’on n’en voit plus le pourtour…), où toutes les tendances cohabitent désormais côte à côte, en mode « brothers and sisters indigos, amis pour la vie », sur un air de biodanza ! Ah, la joyeuse bande du bien-être…

L’effet de saturation

Ce qui est le plus surprenant, c’est la fréquence exponentielle à laquelle les personnes ayant vécu une crise existentielle (crise pouvant aller de la simple prise de conscience d’une problématique personnelle, à la maladie grave, en passant par la rupture ou la réorientation professionnelle), ou qui ont eu recours à une forme de thérapie, s’établissent finalement elles-mêmes thérapeute ou coach dans ce même domaine. Comme si le simple fait de vivre une expérience ou de réaliser une prise conscience, nous préposait à cette activité.

Exemples classiques :

« J’ai toujours ressenti des choses dans mes mains, sans jamais les exploiter. Jusqu’au jour où j’ai fait un stage avec un chaman qui m’a dit que j’avais des dons de guérisseur… ».

Ou encore la fameuse phrase : « Après une montée de kundalini, j’ai fait un saut quantique de conscience… Depuis j’ai changé de vie et je fais des soins énergétiques… »

Les maîtres autoproclamés 

À ces épiphanies personnelles s’ajoutent souvent les sirènes du pouvoir, c’est-à-dire la possibilité de devenir (enfin !) quelqu’un de reconnu et une référence en la matière.

Car si la motivation désintéressée de servir son prochain existe bel et bien chez certains êtres, la majorité des thérapeutes qui font gonfler les rangs des salons, le sont d’abord pour satisfaire un désir personnel de reconnaissance. Celui qui a un don est exceptionnel. Celui qui sait des choses que les autres ignorent, qui peut guérir, détient un pouvoir. Bref, n’importe qui pouvant vous libérer de vos souffrances devient forcément un « maître » aux yeux du simple quidam…

L’amour de son prochain ou l’amour de soi tout court ?

Autrement dit, beaucoup de ceux qui se lancent à la conquête du nouveau monde spirituel, le font avec l’espoir d’être enfin devenu quelqu’un. Et que ce nouveau statut leur vaudra la reconnaissance et la stabilité qu’ils cherchaient initialement à travers les soins.

Ne serait-ce pas plutôt le mirage et l’illusion de la personnalité qui s’admire à travers le regard des autres ?

Imaginez un instant que demain, tous ceux qui ont suivi un stage ou une formation énergétique, qui ont lu des ouvrages spirituels, ou qui ont vécu une expérience « supranaturelle » d’ouverture de conscience, votre garagiste, le professeur de vos enfants, ou votre comptable, écrivent un livre, ouvrent un cabinet, prodiguent soins et conseils en développement personnel pour ceux qui comme eux auparavant, souffrent des mêmes maux : que restera-t-il de ce nouveau monde ? Que des thérapeutes ? Que des initiés ? Que des maîtres et des guérisseurs ?

Est-ce que toute personne touchée par les valeurs spirituelles a vocation à tout plaquer, prôner sa méthode et monter un petit business en self-development à destination des non-initiés ?

Le jour où le monde changera

Oui, le monde est en phase de transmutation et l’humanité a pris un tournant. Pour autant, le changement notoire, la bascule de la masse critique qu’attend fiévreusement les foules, n’a pas encore eu lieu pour une raison simple : la mentalité de l’ancien monde s’est emparée du nouveau monde. La soif de pouvoir, l’ambition personnelle et les buts matérialistes ont détourné l’idéal du bien-être.

Le monde spirituel lui-même est à l’image de l’humanité, scindée en deux pôles, avec d’un côté les consciences individualistes « moi, je, centre du monde » (quête de pouvoir, soif de réussite, désir d’être reconnu et aimé) et de l’autre, les consciences unitaires, portées sur le bien de l’ensemble et les justes relations (oubli de soi, humilité et service à la vie de groupe).

Aujourd’hui, le monde de la spiritualité vit de manière décomplexée ses mondanités, mais porte déjà en lui le germe de la transformation par la renaissance (christique), basée sur des valeurs désintéressées et authentiquement altruistes.

L’effervescence actuelle des salons, des thérapeutes et des nouvelles techniques est l’expression de l’ancienne mentalité individualiste, qui cherche encore des moyens d’exister dans le nouveau monde.

Mais ce modèle est arrivé à saturation, car il n’y a de toute façon plus de place pour les nouveaux arrivants sur le marché : tous les créneaux sont pris !

Ceux qui l’ont compris ont déjà tourné le dos au barnum du bien-être pour chercher en eux le mieux-être, là où ils se trouvent actuellement. Changer le monde, c’est se transformer de l’intérieur tout en favorisant le contexte autour de soi, dans le milieu professionnel, familial et social qui nous est donné.

Non : il ne faut pas que tous les acteurs du changement deviennent thérapeutes !

Ce serait se tromper de voie et retarder sa propre évolution, autant que celle du groupe « humanité » qui attend des serviteurs pour activer la transformation du monde. Les valeurs du « bien-être » ont besoin d’acteurs dans tous les domaines, dans le journalisme, en politique, en économie, dans les soins, l’éducation, les services à la personne, la recherche, les arts, les travaux publics, l’agriculture, l’environnement, l’énergie, etc.

Alors, si vous songez à vous reconvertir dans le monde du bien-être, ou à prendre le grand virage spirituel de votre vie, posez-vous d’abord cette question : « Comment puis-je servir au mieux la vie, là où je suis, avec simplicité ? »

Faites l’essai et à défaut de devenir thérapeute, vous serez déjà un « sage » !


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Côme & Yoann

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