par Onur Karapinar

Chaque jour, nous prenons des centaines de décisions qui auront des conséquences directes ou futures sur nos vies. Si vous n’y prenez pas garde, vous vous retrouverez à vivre une vie définie par ce que d’autres attendent de vous, une vie par défaut.

Dans un monde qui nous sollicite toujours plus, apprendre à dire « non » est une compétence essentielle pour ne pas se laisser accabler par le poids de responsabilités non souhaitées. Il ne s’agit pas seulement de dire non à une situation particulière, mais aussi de dire non à tout ce qui vous nuit et ralentit.

Savoir dire non est l’une des choses les plus difficiles à faire dans la vie car toute réponse négative peut blesser et décevoir, mais cela détient aussi un formidable pouvoir libérateur que vous ne soupçonnez pas.

Dire « non » aux mauvaises habitudes, c’est choisir la vie

« La moitié de la connaissance dans ce que vous voulez consiste à savoir ce à quoi vous renoncez avant de l’obtenir. » — Sidney Howard

Nous savons tous ce qu’il faut faire pour être en meilleure santé ou être efficace, mais le problème est que nous n’avons pas envie d’agir car changer réclame de bousculer ses habitudes. Le corps s’irrite et l’esprit se révolte pour faire taire toute volonté de changement.

Dans The Power of No, James Altucher dit qu’il faut décider de « Choisir la vie », de ne pas poursuivre des habitudes qui vous tuent à petit feu comme fumer, boire des boissons alcoolisées, manger trop gras et sucré, négliger l’exercice physique régulier.

Outre l’hygiène de vie, choisir la vie s’applique aussi dans ses relations sociales pour se débarrasser de personnes toxiques : de ceux qui vampirisent notre énergie jusqu’à ceux qui nous font culpabiliser ou font peur.

Refuser ces personnes toxiques, c’est retrouver une atmosphère relationnelle plus saine. Le temps et l’énergie regagnée peuvent être employée vers des personnes dignes de votre attention et qui vous apprécient vraiment.

Un simple exercice vous permet d’identifier rapidement votre cercle intime :

  • Listez toutes les personnes avec lesquelles vous êtes en contact au moins cinq fois par semaine.
  • Notez sur une échelle de un à dix, comment vous vous sentez auprès de ces personnes. Cherchent-elles à vous rendre meilleur ?
  • Passez plus de temps avec les personnes que vous avez classés plus haut que huit. Passez moins de temps avec tous les autres et prenez vos distances avec ceux qui sont inférieurs à cinq.

Dire « non » au bruit

« Où est la sagesse que nous avons perdu dans la connaissance ? Où est la connaissance que nous avons perdu dans l’information ? »
— T. S. Eliot

Dans The News: A User’s Manual, le philosophe Alain de Botton affirme que « plus de données s’écoulent dans le bâtiment [d’une entreprise mondiale d’information] en un seul jour que l’humanité en aurait généré au cours des vingt-trois siècles entre la mort de Socrate et l’invention du téléphone. »

156 millions de courriels envoyés en une minute…

Nous ne sommes pas faits pour traiter autant de données. Notre cerveau ne peut traiter qu’une quantité limitée d’informations.

Nos ancêtres nous ont livré des réponses pertinentes pour repérer des prédateurs, survivre dans la savane et nous reproduire, pas pour regarder des vidéos de chats ou échanger des cryptomonnaies.

La production excessive de données et d’informations produit une quantité quasi-infinie de bruit qui nous empêche de discerner l’essentiel.

Réaffirmez votre souveraineté personnelle en refusant tout ce qui vous empêche d’être en paix avec vous-même. Essayez d’être conscient du bruit qui vous entoure, comme des pensées négatives qui soulèvent peurs ou regrets.

Consulter les nouvelles est aussi une grande source d’anxiété, les mauvaises nouvelles font de l’audimat pour vendre du temps de cerveau disponible. Sur toutes les nouvelles rapportées, vous n’avez aucune influence pour changer quoi que ce soit à 99,99 % des cas.

Mieux vaut donc se concentrer sur ce qu’il possible de faire pour changer positivement les choses à votre échelle plutôt que de s’émouvoir de faits divers sordides et mesquins. Cela ne vous tire nullement vers le haut.

Dire « non » pour arrêter de se disperser

« Les gens pensent que se concentrer signifie dire oui aux choses sur lesquelles vous devez vous concentrer. Mais ça n’est pas du tout ce que cela signifie. Cela signifie dire non aux centaines d’autres bonnes idées qu’il y a. Il faut choisir avec soin. Je suis vraiment fier des choses que nous n’avons pas faites tout comme les choses que nous avons réalisés. L’innovation, c’est dire non à 1 000 choses. »

— Steve Jobs, extrait de la biographie écrite par Walter Isaacson

Vous pensez que faire plusieurs choses à la fois augmente votre efficacité ? C’est totalement le contraire. Sur le plan neurologique, le cerveau est incapable de faire plusieurs choses à la fois.

Pour agir, le cerveau a besoin de charger le contexte de ce que vous êtes en train de faire dans sa mémoire de travail. Or en étant multitâches, vous obligez votre cerveau à charger et recharger sans cesse des contextes, ce qui se traduit par une sanction cognitive : perte de temps et d’énergie, générant ainsi fatigue décisionnelle et frustration.

Être multitâche est à bannir parce que vous perdez en efficacité en étant plus sensible à la distraction, à l’interruption inutile, c’est le chemin le plus court vers le chaos et à l’impuissance.

Tout le problème de l’open space, des bureaux ouverts, résumé en une image.

Pour éviter ces illusions, focalisez votre attention sur une seule chose à la fois, sans conflit intérieur, pour permettre ainsi à votre cerveau de charger le bon contexte dans sa mémoire de travail, ce qui vous permettra de concentrer votre énergie sur l’accomplissement de la tâche en cours.

Si vous êtes tentés par des distractions, faites une pause, prenez une respiration profonde, et redirigez votre attention sur cette activité.

Supprimez les changements de contextes improductifs et vous en ferez plus avec moins d’efforts. Pour cela, concentrez-vous uniquement sur une seule tâche, l’essentiel.

Savoir dire « non » pour se préserver de ce qui compte vraiment

« Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, “oui“ et “non”, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. »— Pyhtagore

Est-ce qu’il vous est arrivé de dire « oui » pour faire plaisir à quelqu’un ? Ou pour éviter des problèmes à court-terme avant de regretter après coup ? Si vous renoncez à votre pouvoir de choisir, vous donnez ainsi la permission aux autres de choisir à votre place.

Nous voulons tous être utiles, alors nous disons souvent « oui » ; un simple mot qui peut vous causer du tort en vous engageant dans des activités qui ne sont pas essentielles pour vous.

Aider les autres peut être très enrichissant, mais préservez votre temps et votre énergie pour vos plus grands objectifs, vous avez besoin de dire « non » à toute sollicitation de priorités d’ordre inférieur.

Apprendre à dire « non » aux tâches sans importance, c’est réaffirmer vos limites personnelles et faire signifier ce que vous pouvez changer de ce que vous ne pouvez pas. Parfois, il faudra vous détourner des gens si vous voulez réussir.

Le moindre faux-pas social peut nuire au futur d’une relation. La première impression est déterminante et puis personne n’apprécie décevoir les gens autour de nous. Pourtant, il faut savoir dire non et réserver le oui pour les choses qui comptent vraiment.

Pour ce faire, vous aurez besoin de séparer la décision de la relation. Prendre l’habitude de dire « non » dans son meilleur intérêt n’est pas insultant, c’est se concentrer sur ce qui est essentiel pour ne pas manquer les réelles opportunités.

Savoir quand dire « oui »

Parmi toutes les personnes qui me sollicitent, m’invitent, me contactent, me livrent leurs requêtes, je dis « non » à 90 % des cas.

Je sais que j’ai dû blesser ou décevoir certains d’entre vous par moments, mais je préfère être discipliné et respecté dans la poursuite de mes aspirations à long terme que d’être populaire et distrait à court terme.

Je pense qu’avant de chercher à obtenir quoi que ce soit, il faut d’abord savoir ce à quoi on renonce. Tout choix implique des compromis, des sacrifices auxquels on doit se préparer.

Avant de faire un choix décisif, je me pose toujours cette question : « Quel est le problème que je veux avoir plus tard ? » C’est se bercer d’illusions que de croire qu’on peut tout avoir.

Apprendre à dire « non », c’est aussi mieux apprécier ses « oui ».

C’est éprouver un grand plaisir à retrouver des proches depuis un temps, c’est mieux choisir son entourage, c’est accepter un projet qui est aligné avec ses valeurs, c’est être pleinement présent et en accord avec soi-même, c’est cultiver sa raison, c’est conformer sa conduite à des principes et travailler à fortifier son âme contre les coups du sort.

L’enthousiasme est un bon indicateur. Si votre réponse à une requête n’est pas teintée d’excitation et d’envie, alors c’est un non.

Dire non, c’est se laisser de la place dans la vie. En ne sachant pas dire non, vous vous accablez d’un poids qui finira par vous écraser. Dire oui à moins de choses est la solution.

Comme le disait Talleyrand : « Il n’y a qu’une seule façon de dire oui, c’est « oui », toutes les autres veulent dire non. »

Pour « réussir », il faut dire « oui » à beaucoup d’expériences. Pour savoir dans quel domaine vous êtes le meilleur ou ce qui vous passionne, il faut tester.

Une fois que vous avez fini de tenter de vous justifier devant les autres et que vous commencez à vous défendre contre les sollicitations extérieures, vous devez impitoyablement dire « non » comme réponse par défaut.

Pour développer votre talent au départ, vous devez apprendre à prioriser ; pour conserver votre talent vous devez vous défendre contre les priorités des autres.

C’est une panne ou une porte de sortie ?

Dans Les Outils des Géants, Tim Feriss propose de se poser deux questions en cas de difficultés :

  1. En plein abattement, est-ce que la vie ne me montre pas précisément ce que je devrais éliminer ?
  2. Est-ce qu’il s’agit d’une panne ou d’une porte de sortie ?

Pour les Stoïciens, l’obstacle est matière à action. Examiner la douleur peut vous montrer ce que vous pouvez éliminer de votre vie pour retrouver clarté et sérénité.

Première étape : coucher sur papier les 20 % d’activités et de personnes qui causent 80 % de vos émotions négatives.

Deuxième étape : scénariser la peur sur papier en répondant aux questions « Quel est le pire qui puisse arriver si j’arrête de faire l’activité que j’envisage d’éliminer ? Et alors ? Comment pourrais-je annuler les dégâts ? »

Le temps et l’énergie sont limités. Tout temps passé au profit des affaires des autres et autant de temps perdu pour soi-même. Si le risque est la probabilité d’un résultat négatif irréversible, qu’en est-il des personnes rongées par les regrets sur leur lit de mort ?

Plus vous dites non aux choses qui ne comptent pas, plus vous serez en mesure de discerner l’essentiel à faire. Cela vous laissera vivre et apprécier votre vie, la vie que vous voulez afin d’avoir l’énergie de dire oui aux choses qui vous plaisent vraiment.

« Acceptez le fait que dire “non” demande souvent d’échanger popularité contre respect. »

— Greg McKeown, Essentialism

Source: https://medium.com/


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