par Cléophé

C’est le grand jour, le départ du sous-marin est prévu pour 8:00. Je prépare mes affaires pour cette mission de 35 jours. J’ai laissé la TV allumée depuis la veille et une ancienne série, « Voyage au fond des mers » passe sur l’écran. Avant d’éteindre j’entends le commandant du sous-marin annoncer « Lancez la procédure de secours !! Nous sommes pris dans un câble !! L’hélice est bloquée ! ». Et bien… Quel scénario !. J’attrape mon sac de voyage et ferme la porte de la maison. En traversant le jardin pour rejoindre la voiture, je trébuche sur le tuyau d’arrosage et perds 5 minutes à farfouiller dans l’herbe pour récupérer les clés de voiture, puis je prends la route pour rejoindre la base navale.

Au même moment, le premier maître Paul sort lui aussi de chez lui pour se rendre à la base. En passant sous les arbres, il se prend une énorme toile d’araignée en pleine face. Dégoûté, il se frotte férocement le visage pour nettoyer les fils invisibles.

Je passe devant le port de pêche. Au loin, je remarque ce chalutier qui rentre du large avec son chalut complètement déchiré et bloqué dans les funes, les panneaux de lests déformés. Lorsque j’arrive enfin à la base navale, je retrouve le Premier Maître Paul en train de ranger ses affaires dans sa bannette. Au même moment dans la salle des machines, l’officier de conduite des opérations renverse son café sur la carte de navigation.

Soudainement, le temps semble se figer. Une boule lumineuse pénètre à l’intérieur du sous-marin, elle illumine la salle des machines d’une douce lumière blanche. Nous sommes tous les 3 comme suspendus dans le temps, spectateur de cette scène à laquelle on ne prête que peu d’attention. Trois sphères argentées se détachent de la boule lumineuse et viennent se placer dans l’esprit de chacun d’entre nous trois, puis le halo disparaît en un flash. Le temps reprend sa course normale.

Le premier maître Paul se prend le rideau de sa bannette en pleine face. C’est excédé qu’il s’esclaffe : « Et bien décidément ! Ce matin, c’était une toile d’araignée, maintenant ce rideau… ! »
« Allez viens prendre un café ça va te faire du bien » lui dis-je.

En passant par la cuisine, j’observe le maître-coq nettoyer l’évier avec son mitigeur. Cette scène me rappelle mes propres déboires « En même temps ce matin, j’ai manqué de m’affaler dans le jardin en trébuchant sur le tuyau d’arrosage. Et puis je venais de regarder une scène de « Voyage au fond des Océans » qui n’augurait rien de bon : leur sous-marin tombait en panne. »

Pensifs, nous prenons notre poste dans la salle des machines. Nous remarquons l’officier de conduite des opérations qui nettoie en maugréant le café qu’il a renversé sur la carte de navigation. « Purée ! j‘ai renversé mon café pile-poil sur la route que l’on doit emprunter… ». Étonnés d’entendre ça, nous lui racontons notre malchance respective depuis le matin.

À cet instant, nous nous regardons et avons tous trois le même sentiment de voir le temps se figer. Immobiles, nous avons l’impression de voir sortir de notre tête trois sphères lumineuses qui fusionnent en illuminant toute la salle avant de disparaître.

Comme si leur esprit s’était éclairé d’un coup, les trois hommes comprirent instinctivement la situation. L’officier de conduite des opérations demande alors immédiatement à faire changer l’itinéraire de la mission, non sans mal.

Après 35 jours passés en mer, la mission est un succès. Lorsque je rentre à la maison et allume la télévision, j’apprends aux informations qu’un chalutier a endommagé des câbles sous-marins, juste sur la route que nous avions refusé de suivre. Un grand soupir de soulagement me libère.

Source: https://elixirsdesagesse.com/

Catégories : RÉFLEXION

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